Nous devons davantage former les médecins

Stéphane Schneider

Professeur des Universités et praticien hospitalier de nutrition à Nice (06), président du Collège des enseignants de nutrition (CEN) des facultés de médecine.

Le Collectif de lutte contre la dénutrition : Comment la dénutrition est-elle enseignée aux futurs médecins ?

Stéphane Schneider : Cet enseignement est essentiellement prodigué lors des deux premiers cycles. Concernant le premier cycle, il existe depuis 2011 une unité d’enseignement (UE) de nutrition, mais elle intervient alors que les étudiants ne connaissent pas encore les maladies dont la dénutrition est une comorbidité. Concernant le second cycle, les trois items concernant la dénutrition appartiennent à une unité d’enseignement hétérogène qui n’est généralement pas coordonnée par un enseignant de nutrition et où la dénutrition n’est pas enseignée en cours magistral.

CLD : Comment améliorer les choses pour que les médecins généralistes soient mieux formés à la dénutrition ?

SS : L’enseignement des troubles nutritionnels a fait des progrès ces dernières années, mais il reste possible pour un étudiant de « passer à travers ». C’est pourquoi la dénutrition doit bénéficier d’un enseignement en séminaire obligatoire, nécessaire à la validation du second cycle. Le troisième cycle fait quant à lui l’objet d’un projet de réforme : en 2017, un diplôme d’études spécialisées (DES) en endocrinologie-diabétologie-nutrition formera les spécialistes de la dénutrition. Par ailleurs, nous avons soumis un projet de formation transversale spécialisée (FTS) de nutrition appliquée. Enfin, un enseignement complémentaire sur la dénutrition en DES de médecine générale nous paraît indispensable pour que les facultés de médecine jouent leur rôle dans la lutte contre la dénutrition.